par Michel Blanc

Dans le n°3 de la Gazette du 54, notre présentation de Pauline Désirée Weiler
avait valeur d’hommage collectif. Nous regrettions de ne plus disposer des
archives qui nous auraient permis de savoir jusqu’à quelle date, précisément, elle
était demeurée active à la BAI. L’estimation permettait toutefois d’annoncer une
présence sur au moins trois décennies et une présidence sur au moins deux
décennies.

Carte d’adhérente à la BAI de Pauline Weiler (Archives de la BAI)

 

 

Nous avons eu la chance, en rangeant des archives, de tomber sur des fiches de
lecture composées essentiellement d’adhérents de l’année en cours mais
comportant aussi de rares anciens adhérents (pour lesquels une nouvelle fiche
s’était imposée vu le nombre d’ouvrages empruntés précédemment). Quelle ne fut
pas notre joie, lorsque tout proche de penser que, décidément, Mlle Weiler ne
figurait pas parmi ces rares anciens adhérents, de tomber précisément sur une
fiche réalisée le 21 mars 1939 (voir la photographie ci-dessus) qui révèle sa
présence au moins jusqu’en 1940. Ainsi se renforce l’idée précédente d’une
présence attestée jusqu’au début de 1941 (1) et très vraisemblablement d’une
présidence toujours assumée au début de la seconde guerre mondiale. Ayant
adhéré en 1906 et étant devenue présidente en 1915, Pauline Désirée Weiler, notre
grande “amie de l’instruction” comptait déjà, en ce début d’année 1941, 34 ans de
sociétariat et 25 ans de présidence. Un record bien difficile à battre !

 

 

Longue vie à sa mémoire, indissociablement liée à l’aventure collective des
“Bibliothèques des Amis de l’Instruction”, à commencer par celle qu’elle
proclamait volontiers être, la “mère de toutes les bibliothèques populaires” nichée
dans son “cher troisième arrondissement” !
Peu de temps après avoir exhumé cette fiche, nous avons eu une seconde joie, en
prenant connaissance dans le second billet qu’Agnès Sandras, a consacré à
Pauline Weiler (2), des importantes investigations biographiques réalisées par Louise
Oudin. Nous découvrons ainsi des informations précieuses qui nous manquaient et
qui permettent de rectifier des erreurs et imprécisions(3).
Peu à peu le beau portrait(4) de Pauline Weiler se dessine plus nettement : notre
“inoubliable sociétaire” peut retrouver ainsi sa juste place dans notre Mémoire
collective. Nous attendons avec impatience la suite…

Note
L’engagement féminin à cette époque avait une grande vitalité. Nous remarquons en
particulier celui de quatre jeunes femmes qui entreront dans le conseil lorsque Serge
Jacob, très énergique conseiller puis bientôt président (5), entreprend de donner une
nouvelle impulsion à la bibliothèque. Ce sont donc successivement Mesdemoiselles Alice
Chatel, Pauline Weiler, Charlotte Pepiot et enfin Garisson d’Estilhac qui rentreront au
conseil de la bibliothèque aux côtés de leurs homologues masculins (6). Les effectifs de la
BAI du 3ème sont alors en sensible augmentation et la vitalité de notre bibliothèque
populaire libre est encore bien réelle. Pauline Weiler marque de son zèle sa fonction de
secrétaire comme nous l’avons vu et épaule très étroitement son président. Rappelons
qu’elle est élue à la présidence de l’association “à l’unanimité” le 9-12-1915 (âgée de 32
ans) et qu’elle sera très bien secondée dans la décennie d’après guerre par deux
personnalités de premier plan qui méritent à elles seules toute une étude :
– le bibliothécaire Lorthioy, qui sera l’architecte du brillant catalogue de 1920 ainsi que
de son supplément de 1933 et contribuera lui aussi grandement à l’essor de la BAI du
3ème ;
– une autre femme très active et à la grande longévité, qui sera une très efficace
secrétaire auprès de sa présidente : Mlle Hélène Créange.(7)

(1) On pourra se reporter à la note 11 de notre texte précédent où il est fait mention de 4 lettres envoyées à Mlle Weiler, très certainement en sa qualité de présidente, en avril 1935, octobre 1938, novembre 1939 et janvier 1941, dont la dépense pour le timbre figurait dans les livres de compte correspondants. Le document de 1939 recèle aussi une précieuse information : Pauline Weiler demeurait alors, non plus au 134 avenue du Général Michel Bizot, dans le XIIe arrondissement, mais au 16 rue Mounet Sully, dans le vingtième arrondissement.
(2) Voir le billet rédigé par Agnès Sandras et intitulé : “Femmes et bibliothèques populaires (Pauline Weiler – 2). Cet article (daté du 27-03-2017) est accessible sur le carnet de recherche d’Agnès Sandras : bai.hypothese.org et sur notre site bai.asso.fr.
(3) Les recherches de Louise Oudin permettent d’établir avec des renseignements précis sur la famille Weiler, l’ordre exact de succession des enfants que nous avons retrouvés inscrits à la BAI :
Dina, l’aînée, née le 15-3-1880, qui s’est inscrite le 2-02-1907 (n° 5917) ; Paul le second, né le 29-05-1881, qui s’est inscrit le 5-03-1909 (n° 6208) ; Pauline-Désirée la troisième, née le 19/3/1883, qui s’est inscrite la première à la BAI, le 31 novembre 1906 (n° 5867). Nous devons confesser une erreur qu’une relecture attentive des registres d’inscription permet de corriger : ce n’est pas seulement Pauline, Dina et Paul Weiler qui se sont inscrits comme nous l’avions affirmé dans le précédent article mais leur père Théodore également, qui, à la retraite (“sans profession”), s’est
inscrit à 64 ans, le 21-01-1912 (n° 6587). Il demeurait alors comme ses enfants au 7 rue Barbette,tout près de notre BAI.
(4) Ces recherches nous permettent de pouvoir enfin contempler le beau visage de celle que nous avions nommée dans la précédente gazette “L’inoubliable secrétaire”.
(5) Rappelons que Serge Jacob qui a lui aussi très activement oeuvré au développement de la BAI III s’est inscrit le 8 octobre 1903 (n° 5467), est rentré au conseil aussitôt (6 jours plus tard très exactement) et à assuré la présidence de l’association du 15 mai 1907 jusqu’à son décès subit à la fin de l’année 1915. Voir en complément la notice biographique réalisée par Bernard Mouraz sur Salomon Jacob (dit Serge Jacob ou Serginet) dans l’annuaire de “la France savante” du CTHS.
(6) Alice Chatel a adhéré le 14 janvier 1906 (n° 5791), elle était alors “corsetière” et demeurait au 5 rue (des) Minimes ; elle est entrée au conseil le 28-11-1906 (soit environ 10 mois plus tard). Pauline Weiler a adhéré le 30-10-1906 (n° 5867), elle était alors institutrice et demeurait au 7 rue Barbette ; elle est rentrée au conseil directement en qualité de secrétaire, le 5 juin 1907 (soit environ 7 mois plus tard). Charlotte Pepiot a adhéré le 13-03-1908 (n° 6074), elle était alors caissière et demeurait au 7 rue (des) Canettes ; elle est entrée au conseil le 13-11-1908 (soit 8 mois plus tard). Enfin Melle Garisson d’Estilhac a adhéré le 5-03-1909 (n° 6207), elle indique comme profession : “bouchons” et habite au 64 rue des Tournelles ; elle est entrée au conseil le 10 novembre 1909 (soit environ 8 mois plus tard). Des quatre demoiselles conseillères, sous la présidence de Serge Jacob, c’est cette dernière qui restera le moins longtemps au conseil.
(7) Mlle Créange a adhéré le 14-10-1912 (n° 6662) ; elle déclare alors la profession de sténo et habite tout près, au 43 rue de Turenne.