Camille Noé Marcoux

présente

Sophie Grangé

femme libre de la poésie romantique
un feutre noir au front et des bottes aux pieds !

Fille d’un fabricant de Lyon (les fabricants étant alors à Lyon les patrons de l’industrie de la soie), Sophie Grangé publie ses premières poésies en 1826, faisant paraître deux recueils chez l’éditeur lyonnais J.-M. Barret sous les pseudonymes « Mlle S***** » et « Mlle S….. ». Dans ces deux petits recueils se révèle une jeune fille à l’éducation religieuse solide, qui aime lire et écrit dès ses 13 ans. L’éditeur précise qu’à la publication de ces deux recueils, l’auteure a déjà 22 ans passés.

En 1832, Sophie Grangé, jeune femme aux cheveux bouclés couleur ébène, se rapproche des saint-simoniens lyonnais, et c’est à cette période qu’elle donne des textes en prose et des poésies au journal littéraire Le Papillon, dirigé par le dramaturge et romancier lyonnais Eugène de Lamerlière (1795- ?). Dans les colonnes de ce journal, elle publie quasiment tous les textes que nous lui connaissons à ce jour, et tous traduisent son attachement à la cause républicaine et son combat féministe, même si le mot n’existait pas encore : elle y dénonce notamment l’institution du mariage et la condition des femmes, y revendique leur indépendance et son statut de « Mlle », et proclame l’égalité et l’autonomie des sexes. « Levez-vous donc, mes sœurs ! », écrit-elle dans un poème daté de septembre 1832. Et son combat de ‘’femme libre’’, tout en le revendiquant dans ses poésies, Sophie Grangé le traduit en actes, revêtant alors sans complexe l’habit masculin dans les rues de Lyon« portant admirablement le travesti ”, provoquant scandales, sarcasmes et humiliations.

Conférence enregistrée le 6 mars 2021. Pour la consulter, cliquez ci-dessous.

Camille Noé Marcoux est historien et historien de l’art. En tant qu’historien, une de ses spécialités de recherche porte sur le journalisme littéraire durant le premier XIXe siècle. Il a notamment écrit plusieurs articles dans la revue des Amis de Jules Vallès, mais aussi animé une émission de radio autour de Paris-Bohème, de Balzac à Vallès (Radio-Campus), et réalise actuellement un travail sur les peintures de l’écrivain Eugène Sue (1804-1857). Il a publié deux livres, tous deux aux éditions Plein Chant : Louis-Agathe Berthaud, bohème romantique et républicain (2017), et Victor Rodde (1792-1835), l’enragé du Bon Sens (2018). En tant qu’historien de l’art, il écrit une série de chroniques dans la revue culturelle Noto, sur la présence d’objets africains dans des peintures européennes des XVe au XVIIIe siècles. Par ailleurs, à titre professionnel, il est depuis sept ans Chercheur de provenance, s’étant spécialisé dans la recherche d’œuvres d’art volées et disparues entre 1914 et 1945, tant dans les collections des musées du nord de la France, que chez des familles victimes de spoliations pendant l’Occupation, tel que la famille du ministre Georges Mandel. Il travaille actuellement pour le Ministère de la Culture au sein de la Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945.