le samedi 22 mars 2025 , à 14 h 30

Maïté Bouyssy

présente

Rue Transnonain, 14 avril 1834,
un massacre à la française

Maïté Bouyssy, maître de conférences honoraire, HDR, Paris1 Panthéon Sorbonne, spécialiste d’histoire culturelle du politique au XIXe siècle, a vécu un demi siècle à proximité de la Bibliothèque des Amis de l’Instruction et a jadis contribué à son sauvetage.

Elle s’est intéressée par approches croisées du local, du culturel et du politique au succès de mémoire des malencontreuses victimes du massacre de la rue Transnonain – au 62 de l’actuelle rue Beaubourg – le 14 avril 1834, un jour de semi émeute à Paris, en phase de montée des tensions. La cible en fut un immeuble propre à condenser des soupçons, tandis que le tout jeune et nouveau ministre Thiers basculait vers des modes de répression pour lesquels Bugeaud n’avait pas de scrupules, mais en était bien moins le responsable que le cabinet militaire de Louis-Philippe. L’histoire du quartier dévoile alors un moment définitif de bascule vers « l’illibéralisme » à la française. Mais, pour le comprendre, il faut passer par un système d’emboîtements d’histoires parallèles, celle des théâtres dits bourgeois, celle des insurrections écrasées et celle de la rhétorique mise en place par les républicains afin de donner son sens « réaliste » à la gravure de Daumier qui en offre la memoria. Quant aux militaires incriminés, ils étaient passés par l’Afrique (l’Algérie de la conquête) et Grenoble. Une bavure est toujours le fait de règlements de compte complexes, en ce cas, au sein même de l’armée. Les libéraux écrasés ce jour-là furent les vainqueurs du lendemain ; après 1876, c’est eux qui accédaient au pouvoir.