Jean-Marc Leri

présente

La Rue de Turenne

Le jeudi 26 mars 1985

Le 54 rue de Turenne – par Atget

La rue de Turenne est très représentative de la réalité historique du quartier du Marais : constituée de deux tronçons totalement différents, l’un sinueux, l’autre pratiquement rectiligne, elle marque bien la différence entre l’urbanisme spontané de ses origines et l’urbanisme artificiel du XVII^e siècle. Située sur la plate-forme de Saint Martin, elle est insubmersible et bien défendable grâce aux marais de la rive droite de la Senne. Dès le XI^e siècle, elle s’y développe, dans sa partie méridionale, autour de l’église Saint Paul, profitant du trafic commercial intense lié à la route de Melun. L’église du Temple de Jérusalem et son donjon furent un autre point de développement. Les Templiers inaugurèrent une politique de mise en valeur de leurs domaines qui, continuée par leurs successeurs, assécha les marais et réalisa la jonction avec le tronçon méridional du côté du Bourg Saint Antoine. C’est à partir de Sainte Catherine du Val des Ecoliers, fondée en 1214 par Louis IX, que s’est lotie toute la partie occidentale de la rue qui s’étendit donc en fonction des besoins économiques de ses habitants, paysans, commerçants, religieux. L’essor de la deuxième partie de la rue date d’Henri IV sous le règne duquel la spéculation foncière battit son plein dans les milieux religieux et de la finance tandis que sévissait un urbanisme royal quasiment dictatorial. Au XVII^e siècle, de nombreux Hôtels y furent construits tels que celui de Turenne au 68bis qui donna son nom à la rue et l’Hôtel Montrésor, siège actuel de la Bibliothèque des Amis de l’Instruction. La spéculation donna à cette partie de la rue son caractère plus ordonné et somptueux.

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