Conférence donnée le jeudi 20 mai

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“Une révolution sans les femmes”, écrivait André Léo, elle qui fut si engagée dans la Commune, aux côtés de Louise Michel, Victoire Tynaire, Élisabeth Dmitrieff, tant d’autres, couturières, blanchisseuses, institutrices.., femmes du peuple de Paris. Que voulait-elle dire? Qui étaient les femmes de la Commune, quels furent leur rôle, leurs actions, leurs revendications? leur sort dans la répression?  Pourquoi l’image de “pétroleuses” leur fut-elle si obstinément attachée?  À l’aide des travaux pionniers d’Édith Thomas, de Jacques Rougerie et de recherches plus récentes, Michelle Perrot parle de ces oubliées  de l’Histoire.

Professeure émérite de l’université Paris 7-Denis Diderot, Michelle Perrot est historienne et auteure de nombreux ouvrages. Elle a conduit ses recherches dans plusieurs directions : travail et monde ouvrier, prisons, vie privée (Histoire de chambres, prix Femina/essai 2009), Mon histoire des femmes. Elle a notamment codirigé avec Georges Duby L’Histoire des femmes en Occident, Plon, 1991-92. Michelle Perrot a reçu, en 2014, le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes. Parmi ses dernières publications, on signalera :  Mélancolie ouvrière, Grasset, 2012 : Des femmes rebelles : Olympe de Gouges, Flora Tristan, George Sand, Tunis, Elyzad, 2013; George Sand à Nohant, Une maison d’artiste, Seuil, 2018, Le Chemin des femmes, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2019

Michelle Perrot est une des plus grandes historiennes contemporaines. Ses travaux, pionniers en matière d’histoire sociale, d’histoire des marges, des femmes et du genre, ont puissamment contribué à renouveler la discipline et ses objets. Les trois séquences qui rythment ce volume correspondent à ses thèmes de prédilection : ouvriers, marges et murs, femmes.
S’intéressant à travers eux à des figures de dominés, longtemps ignorés par les chercheurs, elle explore les traces à demi effacées de vies ordinaires qui, elles aussi, ont fait l’histoire : celles des ouvriers en grève ou des détenus du XIXe siècle, celles des enfants des rues, vagabonds ou autres Apaches de la Belle Époque. Celles enfin des femmes, toujours inscrites dans la diversité de leurs parcours et saisies dans la variété de leurs lieux de vie : la chambre, l’atelier, l’usine, la maison bourgeoise, la rue.
Longtemps étouffées ou inaudibles, les voix de ces femmes, ouvrières ( » mot impie « , selon Michelet) ou autrices (au premier rang desquelles George Sand), militantes ou anonymes, aux corps assujettis ou triomphants, exploités et désirés, sont restituées par la force d’un style singulier. Toutes semblent se rejoindre in fine dans la figure de Lucie Baud,  » révoltée de la soie « , meneuse de grève en Isère et inspiratrice de Mélancolie ouvrière, saisissant livre-enquête ici reproduit en intégralité.
Michelle Perrot a elle-même assuré la sélection, l’agencement et la présentation des textes retenus, portant un regard résolument lucide et personnel sur plus d’un demi-siècle de recherche et d’engagement. Ce volume permet d’en mesurer toute l’ampleur.