Maurice Schuhmann

présente

Les Penseurs individualistes
et leur idée de la société
(Max Stirner et Friedrich Nietzsche)

le 5 décembre 2013

Pour écouter l’enregistrement de la soirée de lecture :

Les penseurs individualistes et leur idée de la société

par Maurice Schuhmann

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Les Penseurs individualistes et leur idée de la société (Max Stirner et Friedrich Nietzsche) de Maurice Schuhmann est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 4.0 International.

Compte-rendu, par Henri Viltard

Max Stirner

Max Stirner

Maurice Schuhmann présente ici l’individualisme radical de Stirner, encore très méconnu en France, et le situe par rapport à Nietzsche. Ces deux penseurs ont en commun de s’être opposés aux socialistes et ce bien avant Karl Marx, Charles Fourier, Pierre-Joseph Proudhon et Wilhelm Weitling ; ils ont aussi tenté de penser la vie en société en sauvegardant l’autonomie individuelle.

Pour Stirner l’individu devient un « individu authentique » (Eigner) après avoir rompu toutes les chaînes qui le brident. C’est un « égoïste conscient » par opposition aux « égoïstes involontaires » adeptes de l’altruisme. Cette dernière idée transcendantale repose sur un égoïsme collectif moins apparent, autrement dit sur un mensonge. Stirner lui oppose la notion d’unicité et d’individu concret.

 

Il y a loin d’une société qui ne restreint que ma liberté à une société qui restreint mon individualité. La première est une union, un accord, une association. Mais celle qui menace l’individualité est une puissance pour soi et au-dessus de Moi, une puissance qui m’est inaccessible, que je peux bien admirer, honorer, respecter, adorer, mais que je ne puis ni dominer ni mettre à profit, parce que devant elle je me résigne et j’abdique. La société est fondée sur ma résignation, mon abnégation, ma lâcheté, que l’on nomme — humilité. Mon humilité fait sa grandeur, ma soumission sa souveraineté.

((Sirner, L’unique et sa propriété, consulté le 25/12/2013, <http://www.librairal.org/wiki/Max_Stirner:B._Mes_relations>))

Dès lors, comment penser la société, sinon comme une « association des égoïstes » ? Association nécessairement instable, pensée comme un flux de relations en constantes ré-adaptations. Cette idée rejoint « l’ association libre » conçue par Pierre Kropotkine. L’association permettrait ainsi de mettre en contact directe les individus « authentiques ». Dans l’association, l’unicité individuelle peut s’affirmer, « parce que l’association ne vous possède pas, mais que vous la possédez et que vous vous servez d’elle ».

Kreis der Freien

Kreis der Freien

La pensée de Nietzsche doit beaucoup à celle de Stirner : l’individu se caractérise par son autonomie et sa force. Comme chez Stirner, il se crée à lui-même ses propres valeurs, mais son individuation advient par le biais de l’éducation alors que, pour Stirner, seule la révolte individuelle est source de libération. Nietzsche est un penseur pessimiste chez qui on ne trouve pas de conception concrète quant à l’organisation de la société.

Friedrich Nietzsche

Friedrich Nietzsche

Bibliographie : Stirner est un auteur délicat à traduire. Maurice Schuhmann recommande cette édition française de Stirner:

L'unique et sa propriete

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