À la rencontre de Paris et du 19e siècle
La BAI, bibliothèque populaire libre qui a vu le jour dans la seconde moitié du 19ème siècle, est riche en ouvrages vénérables qui, pour l’essentiel, reflètent le grand bouleversement civilisationnel qu’a connu notre pays durant ce « siècle de l’optimisme et du progrès ». Elle est fortement ancrée dans le paysage parisien. Nous avons souhaité, cette année, consacrer le cycle de nos « conférences – soirées de lecture », d’une part à Paris, d’autre part au 19e siècle. Dans plusieurs cas, le lieu et l’époque se rencontreront. Mémoire plurielle qui examine mythes, utopies, réalisations, sources et traces, dans le creuset d’une métropole bouillonnante, magistralement nommée par Walter Benjamin : « Paris, capitale du 19ème siècle ».
Les conférences se déroulent dans les locaux de la Bibliothèque des Amis de l’Instruction,
au 54 Rue de Turenne, à 19h30.
Entrée (et participation) libres, sous réserve de places disponibles.
Une fois la conférence passée, nous nous efforçons de mettre en ligne un enregistrement audio de chaque conférence, quand celui-ci est disponible. Pour cela, il suffit de sélectionner la conférence souhaitée pour écouter son enregistrement.
1) Renaud Gagneux, Sur les traces du rempart de Philippe-Auguste sur la rive droite de Paris, jeudi 5 novembre 2015, 19h30.
Nous serons invités, grâce à la projection de photographies montrant des vestiges inaccessibles au public, à suivre l’enceinte de Philippe-Auguste, édifiée autour de l’année 1200, depuis la « Tour qui fait le coin » jusqu’à la « Tour Barbeau ». Un trajet qui nous fera passer par le Louvre, les portes Saint-Honoré, Montmartre, Saint-Denis, Saint-Martin, et, nous rapprochant de la Bibliothèque des Amis de l’Instruction, les portes du Temple, Saint-Antoine, et la poterne Saint-Paul. Une invitation à retrouver le tracé des anciens murs dans le Paris contemporain.
2) Michel Blanc, La vie et les idées de Flora Tristan, jeudi 10 décembre 2015, 19h30.

La tendre et « admirablement jolie » Flora Tristan (1803-1844), comme la qualifiait Jules Janin, traverse son époque comme un météore annonciateur des grands bouleversements culturels et sociaux, des luttes émancipatrices qui marqueront le 19e siècle et dont nous sommes toujours les héritiers. Nous examinerons ses idées et ses rêves, la façon dont elle a cherché à agir et vivre. Nous interrogerons aussi la postérité de cette « Femme-Guide », de cet « apôtre de l’Humanité » qui n’est pas sans rappeler Auguste Comte d’une part, Clotilde de Vaux de l’autre.
3) Michelle Perrot, Mélancolie ouvrière, de Lucie Baud, jeudi 14 janvier 2016, 19h30.

Dans Mélancolie ouvrière (Grasset 2012, Point Seuil 2013) elle tente de retracer le parcours, souvent tragique, d’une ouvrière en soie de l’Isère, Lucie Baud (1870-1913), gréviste, syndicaliste et auteure d’un rare témoignage autobiographique. Une héroïne énigmatique et oubliée.
4) Eric Hazan, Le marais, de Henri IV à Napoléon III, jeudi 04 février 2016, 19h30.

Sous Henri IV, le Marais où les traces du Moyen Age sont plus ou moins détruites, reprend une vie nouvelle, à la fois architecturale (la place Royale, aujourd’hui des Vosges) et intellectuelle. Puis, au cours du 17e siècle, la noblesse émigre vers des quartiers plus aérés : c’est la construction du faubourg Saint-Germain. Commence alors une ère où le Marais est le domaine des déclassés dignes (le Cousin Pons de Balzac). Sous Napoléon III, Haussmann avait des projets destructeurs sur le Marais, qu’il n’a pas eu le temps de mettre entièrement à exécution.
5) Gérard Carreau, Au cabaret ou chez soi, chansons du 19e siècle, jeudi 10 mars 2016, 19h30.

La chanson de pur agrément ou véhicule d’idées a été particulièrement cultivée au 19e siècle. Les répertoires sont fort différents suivant qu’il s’agit de celui des chansonniers, qui empruntent des « timbres » connus pour y adapter de nouvelles paroles, des chanteurs de caf’conç’, objets d’un engouement sans bornes, ou bien des bourgeois qui, équipés de l’indispensable piano, puisent, dans les suppléments à leurs revues, les partitions de romances fraîchement écloses. De la goguette au salon, une exploration à suivre tout ouïe, exemples sonores à l’appui, dans ses racines historiques et ses prolongements.
6) Etienne Naddeo, Lectures d’usine, d’ateliers ou des champs : vie quotidienne et évasion à Paris au 19e siècle jeudi 14 avril 2016, 19h30. Etienne Naddeo est un ancien élève de l’Ecole des Chartes. Il a consacré son mémoire de Master à la bibliothèque populaire d’Asnières et sa thèse d’Ecole aux bibliothèques populaires dans le département de la Seine (1860-1945). Il est actuellement élève-conservateur de l’Enssib à Villeurbanne
Les bibliothèques populaires comme la BAI évoquent spontanément les ouvriers. Mais la condition populaire est pourtant plus diverse à cette époque : artisans, petits employés, lingères, couturières, vendeuses ou même cultivateurs, tous apparaissent au fil des archives des associations de lecture. En tentant une sociologie des lecteurs populaires du 19e siècle, c’est la diversité des métiers et de la vie quotidienne de Paris et de sa banlieue que cette conférence essaiera de décrire.
7) Danielle Tartakowsky, Le Père-Lachaise, un autre Panthéon ? jeudi 12 mai 2016, 19h30.

Le cimetière du Père-Lachaise, ouvert en 1804, est chargé dès sa création, au-delà de sa fonction utilitaire, d’enjeux idéologiques et politiques. En tension avec le Panthéon, nécropole honorifique alternativement religieuse et civile, il a sa place dans les rapports de force avec les pouvoirs successifs. S’intéressant particulièrement à l’usage que les édiles et les partis politiques firent du cimetière, Danielle Tartakowsky nous entraînera dans une réflexion sur le sacré, face à la mort des anonymes, des hommes célèbres, des martyrs de la Commune, de la Résistance et de la Déportation.
8) Hélène Jarry-Personnaz, Chronique familiale dans le Paris du 19e siècle, jeudi 09 juin 2016, 19h30.

9) Christiane Demeulenaere-Douyère, 1860 : Paris change de visage. L’extension des limites de Paris et ses conséquences sur les conditions de vie des Parisiens, jeudi 23 juin 2016, 19h30.

Le 1er janvier 1860, Paris annexe sa « petite banlieue » et passe de 12 à 20 arrondissements. Mesure essentiellement administrative et fiscale, l’extension des limites de Paris bouleverse le cadre de vie des Parisiens, qu’ils habitent dans le centre ou dans les « nouveaux » arrondissements, et provoque enchérissement des loyers et des produits de consommation courante, transfert des industries vers des banlieues plus lointaines, disparition des particularismes des anciens villages… Cette mesure, imposée par le gouvernement impérial, fait naître des rancœurs qui perdureront longtemps et l’intégration à la capitale du « nouveau » Paris mettra longtemps à se réaliser.
Les conférences se déroulent dans les locaux de la Bibliothèque des Amis de l’Instruction,
au 54 Rue de Turenne, à 19h30.
Entrée (et participation) libres, sous réserve de places disponibles.